Relation entre la concentration plasmatique d’imatinib et la survie sans progression dans le traitement des GIST en vie réelle

Question évaluée : Dans le traitement des GIST (Tumeurs Stromales Gastro-Intestinales), le suivi des concentrations plasmatiques revêt un caractère important. Des concentrations résiduelles d’imatinib faibles exposent les patients à une plus faible survie sans progression (SSP). Toutefois, il semble que cette donnée ne soit pas un critère de suivi suffisamment robuste du fait de l’observation par ailleurs d’une diminution d’environ 30% des concentrations résiduelles après 3 mois de traitement chez tous les patients. L’objectif de la présente étude est de corréler les concentrations plasmatiques résiduelles à la SPP en conditions de vie réelle afin de déterminer une concentration résiduelle efficace.

Type d’étude : Etude prospective multicentrique observationnelle en vie réelle.

Méthode : Patients atteints de GIST métastatiques ou non résécables recevant de l’imatinib à la posologie de 400 mg/j depuis l’initiation et dont il existe un dosage antérieur réalisé au minimum 3 mois après la première prise et avant la première progression. Dosage plasmatique sur demande motivée des cliniciens. Evaluation clinique (progression ou non) selon les grilles prédéfinies. Les seuls patients exclus sont les patients décédés sans progression ou non observant.

Résultats : 96 patients (42% de femmes) ont été suivis sur une durée médiane de 27 mois. Population similaire à la population GIST généralement admise (taux de mutation KIT similaire).

Une concentration plasmatique résiduelle (Crés) ? à 760 ng/mL semble, toute localisation tumorale confondue, suffisante pour garantir une SSP non-inférieure à celle précédemment publiée obtenue pour des Cmin de 1110ng/mL (dans le cadre d’un essai clinique et non en vie réelle).

Points forts :

  • Etude multicentrique en vie réelle sans critères d’inclusion restrictifs,
  • Mise en œuvre acceptable en routine clinique,
  • Outil intéressant en pharmacie clinique.

Points faibles :

  • Prélèvement plasmatique sur demande motivée du clinicien, non standardisé ou prédéfini ne permettant pas un suivi de l’évolution des Crés notamment le « temps » en Crés < Ceff ou Crés > Ceff,
  • De même, le métabolite pharmacologiquement actif n’est pas dosé,
  • Les biais de confusions (interaction médicamenteuse, albuminémie) ne sont pas discutés bien que connus pour interagir avec la corrélation réponse-Crés,
  • Pas d’analyse plus détaillée sur les patients GIST intestin grêle pour lesquels les courbes PFS sont identiques avant 2 ans quelle que soit la concentration résiduelle mesurée.

Conclusion/Implications en pratique :

Cette étude démontre une nouvelle fois l’intérêt majeur d’un suivi plasmatique lors des traitements par imatinib et précise une concentration cible à atteindre pour améliorer la SSP.

La nouvelle concentration cible, obtenue en donnée de vie réelle, permet d’améliorer l’approche globale de prise en charge du patient notamment pour considérer le risque pharmacodynamique d’interactions pharmacocinétiques entre l’imatinib et des modulateurs de l’activité des cytochromes P450 ou des protéines de transport P-gp.

Rédigé par Lionel TORTOLANO

D’après Bouchet et al.: Relationship between imatinib trough concentration and outcomes in the treatment of advanced gastrointestinal stromal tumours in a real-life setting. Eur J Cancer 2016; 57: 31-8